Le 3 Avril 2007

Le moins que l'on puisse dire c'est que je vais mal...Mes journées sont faites de lutte et de larmes.
Je lutte pour me lever le matin, ne pas rester en pyjama toute la journée, pour manger. Je n'arrive pas à me résoudre à sortir de chez moi, même pour aller à la boîte aux lettres...Je ne veux croiser aucun regard des voisins, affronter aucune question.

Alors je reste enfermée à la maison. Par chance, le temps est exceptionnellement beau alors on peut profiter du jardin. Jean n'a que 16 mois et a besoin d'être dehors, d'avoir une vie à peu près normale.
Il m'arrive de regretter notre ancienne vie de citadins...ce que je déplorais avant je l'accepterais volontiers aujourd'hui : l'anonymat, l'indifférence...

Pour achever le tout, il nous arrive de nous disputer pour des broutilles...Comme si ce drame ne suffisait pas, faut-il en plus que l'on se déchire? Non il faut se battre pour ne pas laisser le quotidien et la routine nous monter l'un contre l'autre.

Par exemple je ne supporte pas qu'il me demande comment s'est passé ma journée car de toute façon elle s'est ni mal ni bien passée, elle s'est passée voilà tout!!!!
Je pense qu'il souffre assez comme ça pour ne pas lui rajouter ma peine que je sens immense et très envahisante...Non, je veux qu'il ne s'inquiète pas pour moi. Je ne veux pas trop lui en demander car dans ces moments là chacun à ses propres limites et il convient aux autres de ne pas les dépasser...
Je ne veux pas être un poids et vivre aux dépends de son écoute et de sa compréhension. Je dois me secouer et me réconcilier avec moi même...

Mais parfois quand il me dit qu'il faut continuer à vivre je lui en veux...Je trouve ça injuste car comme je ne lui en parle pas, il ne mesure pas le poids de mes efforts quotidiens pour m'accrocher à la paroi de cette falaise dont j'ai bien failli dégringoler...

d'ailleurs personne ne mesure mes efforts...On dit de moi que je suis forte mais ce n'est que poudre aux yeux...Au fond j'ai très peur, je suis en colère et je m'en veux horriblement...
Je ne vis pas, je lutte...je lutte contre moi même. Pourtant il faut bien que je reprenne les choses en main si je veux me reconstruire et faire un pied de nez à la fatalité...